Mon mari me trompe depuis des mois

« Mon mari m’a avoué qu’il me trompait depuis des mois. Sauf qu’il a ajouté qu’il ne se retrouvait pas dans cette sorte de monogamie implicite qui s’est installée entre nous, et aimerait qu’on aille ensemble vers une relation polyamoureuse. D’un point de vue philosophique, le polyamour est un concept que je trouve très intéressant. Je n’ai jamais pensé que la longévité et le bonheur se trouvaient dans la monogamie. Mais de là à y être confrontée de façon violente et à devoir l’accepter dans son propre couple, il y a un fossé. Et mon problème, c’est surtout « l’autre », cette femme avec qui il a commencé à établir une relation intime derrière mon dos, avec qui il s’est créé des souvenirs qui m’excluent. Ça me rend malade. »
Marie, 37 ans.

Chère Marie,

Les alternatives au monogame peuvent être passionnantes, réjouissantes, mais dans certains cas, elles ressemblent davantage à des excuses idéales pour batifoler, plutôt qu’à une décision commune de penser sa relation autrement. C’est ce qui a foiré dans votre courrier : votre homme ne vous a pas proposé de redéfinir la nature de votre relation avec vous, il a modifié les termes du « contrat » dans votre dos, ce qui vous laisse, maintenant qu’il a fait son grand aveu (bravo !), face au fait accompli et au polyamour consommé.

C’est une chose courageuse de vouloir se débarrasser des obligations du couple (monogame, fidèle, qui baise à intervalle régulier et qui se projette sur un long terme main dans la main) car contrairement à la norme, cela nécessite un terrain propice et quelques ajustements. Il faut avoir déconstruit le concept traditionnel de mari et femme, au menu duquel on trouve le sympathique cocktail possession du corps l’autre + dépendance affective + jalousie. Qu’il s’agisse d’un couple ouvert ou non, ça ne peut pas faire de mal de travailler dans ce sens. Cependant dans l’optique de passer de couple exclusif à amours multiples, la base est de remplacer la jalousie par une sorte de sérénité, attitude apaisée, de savoir que l’autre est aussi bien heureux avec vous qu’avec quelqu’un d’autre. Hé oui, c’est dur.

Ce n’est pas quelque chose à imposer à l’autre après avoir rencontré une nana que nous aimons et réalisé que vous ne voulez pas choisir. Comment voulez-vous vous épanouir dans un polyamour ? Qui n’a de poly que la conception qu’il en a, lui ? Aucune ligne de votre courrier ne mentionne votre désir de vivre des histoires parallèles. Au lieu de cela, vous subissez la sienne qu’il se tapait en douce il y a deux semaines. Ce type veut à la fois le beurre (vous) et l’argent du beurre (l’autre). Il n’y aurait en principe pas de problème, si vous en aviez envie aussi. Mais ce n’est visiblement pas ce qui vous dérange le plus. En amour, comme au lit, le consentement c’est avant, on ne le remet pas en cause après.

Au lieu de vous torturer avec les sentiments qu’il éprouve pour cette autre femme, posez vous des questions sur vos propres désirs. Voulez-vous en aimer d’autres ? Est-ce pour lui faire plaisir, de peur qu’il ne vous fuie, pour ne pas perdre la partie ? Ne vous racontez pas de salades. Si la réponse à la première question est oui et la réponse à la deuxième question est non, alors une fois que vous aurez accepté (joyeusement hein, pas à contre cœur) l’idée qu’il n’est plus le seul pour vous, et vice versa. Peut-être faudra-t-il sortir de l’équation cette nana qui y est entrée pendant que votre couple était supposé être exclusif. Si c’est non à la première ou oui à la seconde, échappez-vous, malheureuse ! Vous pourriez vous retrouver, et cela prend moins de temps que de s’entendre dire « Ah, tu dors chez elle ? », dans une configuration déséquilibrée que vous aurez acceptée pour les mauvaises raisons.

Au plaisir,